prix de poésie du monde français et francophone
Poète publiée depuis 1966, professeur émérite de littérature française à la Sorbonne, auteur d'essais et d’articles, Marie-Claire Bancquart a reçu le Prix Max Jacob, le Prix Supervielle, le Grand Prix de Poésie de la Ville de Lyon, le Grand prix d'automne de la Société des gens de Lettres et le prix Robert Ganzo.
Ses recueils depuis 1978 : Mémoire d'abolie (Belfond, 1978), Partition (Belfond, 1981), Votre visage jusqu'à l'os (Temps Actuels, 1983), Opportunité des oiseaux (Belfond, 1986), Opéra des limites (José Corti, 1988), Sans lieu sinon l'attente (Obsidiane, 1991), Dans le feuilletage de la terre (Belfond, 1994), Énigmatiques (Obsidiane, 1995), La vie, lieu-dit (Obsidiane/Noroît, 1997), La paix saignée, précédé de Contrées du corps natal (Obsidiane, 1999), Rituel d'emportement (anthologie personnelle, Le Temps qu'il fait/Obsidiane, 2002), Anamorphoses (Écrits des Forges, 2003), Avec la mort, quartier d'orange entre les dents (Obsidiane, 2005), Verticale du secret (Obsidiane, 2007), Terre Énergumène (Le Castor Astral, 2009), Explorer l'incertain (L'Amourier, 2010), Violente vie (Le Castor Astral, 2012) et Mots de passe (Le Castor Astral, 2014).
Membre des jurys du Prix Apollinaire, du Prix Ivan Goll et de jurys annuels.
Sur elle : In the Flesch of the Text, The Poetry of Marie-Claire Bancquart par Peter Broome (Éditions Rodopi, 2008) et le colloque La poésie de Marie-Claire Bancquart : dans le feuilletage de la terre (Cerisy-la-Salle, 2011, actes édités chez Peter Lang, 2013).
1.
Voici vingt ou trente siècles
un poète mon frère
regardait l’insecte minuscule
cheminant le long de son bras.
Il s’étonnait avec violence
d’être là, au monde, en même temps que lui
dans un pli commun des immenses
combinaisons de l’univers.
Attentats, guerres, soleils en délire,
non loin brûlaient des villes.
Par hasard épargnés, par hasard ensemble,
entre les lignes
de l’inexorable
duraient le poète et la bête.
2.
Les portes des armoires
sont douces à caresser.
Leurs grandes joues odorantes
appellent nos visages
cire contre chair
très serrées
loin
des tâtonnements, des manques.
3.
… Comme si
dans un trou du temps
s’établissait un silence
qu’on pourrait saisir en pleine ville
en plein
dans sa gare sifflante, son marché.
On se transporterait aux confins de la mémoire :
forêt du très jadis
sommeil d’apaisement près d’un canal désaffecté.
Les mots se déshabilleraient de leur sens
ils deviendraient
une saveur sur langue
l’informulé de notre corps profond
Comme si
dans un trou du temps
nous entendions
presque inaudible
une confidence
sur le pourquoi de notre vie.
Prix Guillaume Apollinaire
Membre du jury
Marie-Claire Bancquart
Paris, France
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